Apple supprime les applications de suivi ICE sous la pression du gouvernement

28

Apple a supprimé plusieurs applications conçues pour suivre les mouvements des agents de l’Immigration and Customs Enforcement (ICE), suite aux pressions signalées par l’administration Trump. Ces applications, telles que ICEBlock, ont été créées et utilisées par des communautés cherchant à collecter des informations sur d’éventuels raids de l’ICE, permettant ainsi aux résidents de mieux se protéger.

Le raisonnement derrière la suppression

La déclaration officielle d’Apple cite des inquiétudes concernant la sécurité des fonctionnaires fédéraux comme raison de la suppression. La société affirme avoir agi sur la base des informations fournies par les forces de l’ordre concernant les risques de sécurité associés à des applications comme ICEBlock. Cependant, des rapports suggèrent qu’en coulisses, Apple a fait face à d’importantes pressions de la part de l’administration Trump pour prendre des mesures contre ce type d’applications.

L’essor des applications de suivi et des contre-applications ICE

La popularité d’ICEBlock a bondi plus tôt cette année, devenant l’application la plus téléchargée sur l’App Store au cours d’une période de protestations nationales concernant le déploiement d’officiers de l’ICE dans les villes américaines. ICEBlock, ainsi que des applications similaires, s’appuie sur des rapports de géolocalisation anonymes sans stocker de données personnelles pouvant permettre de remonter jusqu’à des individus. Cette approche permet aux utilisateurs de partager des informations sur l’activité potentielle d’ICE sans compromettre leur propre vie privée.

En réponse à l’émergence des applications de suivi ICE, des contre-applications sont également apparues. Un exemple, ICERaid, offre des récompenses basées sur la blockchain aux personnes qui « capturent, téléchargent et valident des preuves photographiques » d’activités criminelles prétendument commises par des personnes sans papiers. En outre, il propose des incitations monétaires pour que les personnes sans papiers déclarent elles-mêmes leur statut via l’application CBP Home, dont une récente refonte a été supervisée par l’administration Trump.

Défis juridiques et constitutionnels

La suppression des applications de suivi ICE a suscité des critiques et des contestations juridiques. La procureure générale Pam Bondi a affirmé qu’ICEBlock « met les agents de l’ICE en danger simplement parce qu’ils font leur travail », suggérant en outre que la violence contre les forces de l’ordre est « une ligne rouge intolérable ». Bondi avait déjà menacé de poursuites judiciaires contre le créateur d’ICEBlock, arguant que ses actions ne sont pas protégées par la Constitution. La secrétaire à la Sécurité intérieure, Kristi Noem, a également menacé de poursuivre en justice les publications d’information qui rendaient compte de la popularité de l’application.

Joshua Aaron, le développeur d’ICEBlock, a répondu au retrait en qualifiant les actions d’Apple d’attaque contre la liberté d’expression et a accusé l’entreprise de capituler devant la pression du gouvernement. Aaron a fait valoir qu’ICEBlock fonctionne de manière similaire aux rapports de radars participatifs, une fonctionnalité que l’on trouve couramment dans les applications de cartographie, y compris l’application Maps d’Apple. Il a souligné que de telles activités sont protégées par le premier amendement de la Constitution des États-Unis.

Essentiellement, la suppression des applications de suivi ICE met en évidence un croisement complexe de préoccupations en matière de sécurité publique, d’innovation technologique et de droits constitutionnels.

Cette situation soulève d’importantes questions sur les limites de la liberté d’expression à l’ère numérique et sur le rôle des entreprises technologiques dans la résolution de questions politiquement sensibles. Cela souligne également les défis liés à l’équilibre entre la nécessité du gouvernement de protéger ses fonctionnaires et le droit de la communauté de s’organiser et de se protéger contre des dommages potentiels.